2012-03-13

Vue sur la rue

Surtout bien ouvrir les volets de ses yeux, balayer la poussière du paysage d'un coup de cils, voir comment le rendre plus propre qu'il ne l'est : se l'approprier.
On traverse, on foule ce chemin zébré, on jette un œil à l'intérieur, hop, au bout d'un élastique ? Un piano rose verni couvert de napperons caducs, des corbeaux empaillés et que ça fait rigoler, une collection de fèves, un jeu de scrabble, des puzzles à moitié finis par terre, à moins que ça soit un tapis qui se la pète un peu, un poster de Superman, et un phare miniature à chaque coin, pour y voir bien clair.

Dor Menor by Hamilton De Holanda on Grooveshark

2012-02-20

Bab' y lone


Une vague odeur de plus belle ville du monde, arôme poubelle, goût pisse-froid. Un bâillement qui tient tout sauf en haleine. Une réplication à l'infini de rectangles écornés de crasse, comme autant de paires d'yeux interchangeables et trop lasses pour la moindre inquisition. Sauf peut-être la contemplation absente d'une pointe de soulier envaguelettée de sel, qui ramène à la conscience : le sel, le froid, il fait trop chaud dans cette rame, cette galère transportée par des rats de rail qui emporte, interminablement frétillante, des objets pensants grelottants suffocants et consentants d'habitude vers leurs abattoirs. Anesthésiés d'ennui, comme dit Anastasie.
Une place miteuse, auréolée de projections successives, convoitée comme l'ombre d'un pin dans une steppe infinie. Comme une miette de hasard qui termine sa vie moins glorieusement que Jonas et sa baleine, dans le tube digestif d'un pigeon infect.
Bon voyage dans les viscères parisiens.

Mon Métro by Anis on Grooveshark

Chauds & froids

Sur la plage du Havre, des bleus plutôt raides.

limehouse blues by Bireli Lagrene on Grooveshark

2012-01-03

Prendre la tangente à 45°

J'aime quand tous les éléments, visibles et invisibles, convergent vers un instant géométrique, quadrature temporaire.

Les capturer dans mon filet, en maniaque épingleuse de papillons, par le juste milieu du corps, ailes déployées sur une toile de soie rouge, pour leur funèbre honneur. C'est leur faute : gourmands de lumière jusqu'au suicide, ils sont bien trop naïfs, comme s'ils allaient en réchapper. Ils donnent trop, ils donnent tout, d'un seul coup. Je les gobe, en crapaud huileux.
On se venge comme on peut d'être soi-même le hochet des libertés alentours. Il faut bien tenir sa place dans la chaîne alimentaire du culot.

Ou, dans une bouffée de sagesse généreuse et tout gonflé du bonheur lourd que seul provoque un don mêlé de condescendante indulgence, on les laisse s'enfuir. Let them go away with it.
D'un regard, on a déjà éparpillé leur âme, charcuté leur sincérité, alors on peut bien leur faire l'aumône d'une vie sauve.

Shajan by Trio Joubran on Grooveshark

Chapeau pointu

... un morceau de Paris. Ou Paris en morceaux.
Voilà deux spectatrices spectatrisées !
Comme le face à face de deux miroirs, qui donne vie à un serpentin infini d'histoires. Ou d'histoires in-finies.

"Je voudrais pas crever
Sans savoir si la lune
Sous son faux air de thune
A un coté pointu" Vian

Boris Vian: Je Voudrais Pas Crever by Pierre Brasseur on Grooveshark

2011-12-18

Wild talk, wild snap


Deux petites dames se rendent au Salon du Vintage à la Cité de la Mode et du Design :
"Life is far too important a thing ever to talk seriously about."
(Oscar Wilde, Lady Windermere's Fan)

Ghostwriter by RJD2 on Grooveshark

2011-11-27

Elle'égie

"Maintenant m'amie qu'on te séquestre Au sein des cieux Que je m'déguise en chanteur d'orchestre Pour tes beaux yeux"

Elégie à un rat de cave by Georges Brassens on Grooveshark

2011-10-17

Au jus !


Allez hop, à la mare aux canards !

2011-10-06

Vague à l'âme


Toute cette flotte... Vogue la galère, inondée, engloutie, submergée, transparente sous l'eau, charriée par un cycle jamais las de ses flux et reflux, soif de vivre mais d'eau douce, un camaïeu de bleus à l'âme, de toutes mes forces remonter vers l'air de la surface, à contre-courant, ça urge, happer de l'air et m'accrocher à une quelconque planche de salut, chasser le sel de mes yeux, "salut", ola, je te crois la vague, ton zèle de Sisyphe obstiné, stoïque, inépuisable, inconditionnel, m'entraînera forcément vers le rivage, dignité spirituelle.